La «Gibson Firebird» est née des mains de Ray Dietrich en 1963. Le modèle se verra d'entrée décliné en 4 versions (6 si on prend en compte les modèles de basse Thunderbird II et Thunderbird IV), nommée Firebird I, Firebird III, Firebird V et Firebird VII selon le soin apporté à la décoration.

Après avoir connu un succès mitigé avec la gamme de guitares "modernistiques" (Explorer, Flying V) sorties à la fin des années '50, Ted Mc Carty (alors président de Gibson) fit appel à quelqu'un venant de l'extérieur afin de faire un nouveau modèle. C'est en 1962 qu'il fit appel à un des plus grand styliste automobile de l'époque en la personne de Ray Dietrich. La société new-yorkaise de Ray "Le Baron Carrossiers" fut la première société automobile à dessiner intégralement une voiture avant de la réaliser. Après avoir travaillé pour Packard et Chrysler pour qui il avait contribué à définir l'ère classique de l'automobile, il pris sa retraite à Kalamazoo au début des années '60. Ted Mc Carty connaissait le travail de Dietrich, étant proches géographiquement, il en profita pour lui demander de lui dessiner une guitare.

Dietrich était un styliste de l'ère classique de l'automobile, mais ses idées quant au design de la guitare que Ted lui demanda de dessiner étaient totalement à l'opposé de ce que Gibson aurait fait! En résulte, une Gibson qui ne ressemble pas à une Gibson, mais qui ferait étrangement penser à une Fender !
Dans un premier temps, il dessine un corps asymétrique; dont la partie inférieure est plus longue que la partie supérieure comme Gibson l'avait fait sur l'Explorer mais en plus arrondi. En se penchant essentiellement sur le design, il change les bases qui «faisaient d'une Gibson une Gibson»comme par exemple un manche collé, une tête avec 3 mécaniques de chaque côté et soit des micros P-90 soit des micros Humbucker (à double bobinage).
Ensuite, il choisi d'utiliser un manche traversant et non pas collé comme sur toutes les Gibson auparavant, ceci uniquement dans un souci esthétique (cela permet en outre d'économiser les planche de bois massif plus onéreuses), ensuite il aligne les mécaniques «à la Fender» ou plus légitimement «à la Bigsby»; celles-ci sont montées du côté inférieur de la tête de manche et les clés ne sont pas visibles car encore une fois dans un souci esthétique, Dietrich utilisa des mécaniques de banjo.
La tête de manche est également inédite pour Gibson. Si ce n'est pas la première guitare de Gibson à avoir les 6 mécaniques «en ligne», la forme ressemble à celle de la tête de la Fender Stratocaster en inversée et penchée en arrière. En plus de la nouvelle forme, Dietrich fit un design particulier (sauf sur la Firebird III) qui consiste en un contre-placage d'ébène au centre de la tête de manche mettant en valeur le logo et les mécaniques.
Le cache truss-rod qui est traditionnellement en forme de cloche sur lequel on retrouve le nom du modèle, est ici beaucoup plus grand et en forme d'aile (ou de couteau), et c'est sur ce dernier que le logo Gibson y est apposée.
Dietrich ne manquant pas d'idées, les micros ont également été revu, il dessina une variante du micro mini-humbucker alors utilisé par Epiphone mais exempt de vis de réglage, toujours en pensant à l'esthétique de l'instrument; les micros ont un cache chromé ou doré suivant le modèle et sont fixés sur un support métallique vissé directement sur la table.
 
Toutefois un problème survient en 1965 car Léo Fender trouve que la nouvelle «Gibson Firebird» est un hommage un peu trop avoué à sa Jazzmaster dont il avait posé le brevet une année après sa sortie en 1958 (contrairement à ses modèles phares que sont la Telecaster, la Stratocaster et la Precision Bass !).
Ted Mc Carty explique que Léo Fender lui dit que sa guitare (la Jazzmaster) était asymétrique et que Gibson n'avait pas de modèles de ce genre, alors Ted lui expliqua que bien avant sa Jazzmaster, Gibson avait fabriqué des mandolines dont le corps est asymétrique et qu'il ne pouvait donc pas parler de "plagiat", mais afin de ne pas envenimer la chose, il décida de revoir le modèle.
Cette mésaventure mena Ted Mc Carty à stopper la production des Firebird premières du nom connue sous le nom de "reverse-body" afin de revoir les dessins de Dietrich. Le résultat n'avait pas grand chose à voir avec le modèle originale, mais ne ressemblait toujours pas à une Gibson!
A partir du courant 1965, le corps est inversé par rapport à la première version de 1963 et est cette fois symétrique. Les pans sont plus courts et les bords sont arrondis tandis que le manche est collé. Les mini-humbucker ont été remplacé par des P-90 sur les versions I & III et les 6 mécaniques kluson sont montées en banc du côté supérieur de la tête de manche (à noter qu'en 1965, on trouve des Firebird reverse-body avec des P-90 et des mécaniques en banc). En dépit du fait que Ted Mc Carty allait quitter Gibson en 1966, il n'était pas étonnant de constater que le succès ne soit pas au rendez-vous après tous ces changements, c'est ainsi que la production de la «Gibson Firebird» allait s'arrêter en 1969 (les premières ré-éditions furent produites en 1972).
Les première versions  de 1963 à 1965 dessinées par Dietrich sont ainsi appelées "Firebird reverse-body" pour "corps-inversé" par oppositions aux versions ultérieurs revues par Ted Mc Carty qui sont nommée "non-reverse" et qui furent produites de 1965 à 1969.

Comment distinguer les 4 versions ?!
Parmi les 4 variantes de la «Gibson Firebird reverse-body» fabriquée entre 1963 et 1965, le cahier des charge est similaire mais pas tout à fait le même. Ainsi, les 4 variantes peuvent se distinguer de part certaines caractéristiques spécifiques à tel ou tel versions. Si les 4 «Firebird reverse-body» ont toutes un manche traversant, des mini-humbucker, le même pickguard et des mécaniques de banjo, elles se distinguent plus facilement entre elles que la série de «Firebird non-reverse» de '65 à '69. Voici les caractéristiques spécifiques à chaque variantes:

La Gibson Firebird I reverse-body ('63/'65)
La «Firebird I» se distingue facilement car elle ne possède qu'un seul micro situé du côté chevalet et est donc exempt de sélecteur de micro. En outre, elle ne possède que deux potentiomètres (un de volume et un de tonalité). C'est également la seule variante à avoir un chevalet-cordier cintré et donc la seule à ne pas avoir de vibrato.

La Gibson Firebird III reverse-body ('63/'65)
La «Firebird III» ressemble beaucoup à la «Firebird V» mais se distingue également par quelques détails comme sa touche le plus souvent exempt de filets et munie de repères de type «points» ou «pastilles» tandis que la «Firebird V» a des repères de type «trapèzes». On distingue surtout la «Firebird III» de la «Firebird V» de part son court vibrato vibrola accompagné d'un chevalet cintré.

Firebird III 1964

 

 Firebird III 1964

 

Firebird III 1965 (modèle de transition)

 


  

La Gibson Firebird V reverse-body ('63/'65)
La «Firebird V» est la version luxe de la «Firebird III». Elle est munie de filets sur la touche et a des repères de type «trapèzes». Elle a un vibrato vibrola mais en version deluxe c'est-à-dire avec une plaque en métal gravée du logo Gibson et d'une lyre. Le chevalet est le chevalet «tune-o-matic retainer».

La Gibson Firebird VII reverse-body ('63/'65)
La «Firebird VII» pourrait s'appeler «Firebird Custom» en raison de ses caractéristiques. C'est la variante la plus facile a distinguer (avec la «Firebird I»). La «Firebird VII» est la seule variante (modèle «reverse» et «non-reverse» confondus) munie d'une touche en ébène avec des repères de type «rectangles», elle est munie de filets comme la «Firebird V» mais possède 3 micros ainsi qu'un accastillage doré.

A noter que je fais référence ici aux modèles des années '60, les ré-éditions ont un manche collé et un autre chevalet sur les versions «I» et «III». Voir la suite «la Gibson Firebird non-reverse»


Cliquez ici pour voir :
Gibson «1902»

Autres modèles de Gibson dans les détails:
           Dater une Gibson
1952 : La Gibson Les Paul Standard ('52/'60)
1954 : La Gibson Les Paul Junior
1958 : Les Gibson modernistics
1958 : La Gibson Flying V
1958 : La Gibson Moderne (réissue 1982)
1959 : La Gibson Les Paul Special DC
1961 : La Gibson SG Standard '60
1965 : Les Gibson Firebird (I-III-V-VII) non- reverse
1966 : La Gibson Flying V Mahogany
1971 : La Gibson Flying V Medallion
1979 : La Gibson SG Exclusive
1979 : La Gibson SG R1 / SG Artist

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