La Gibson Les Paul Standard '50

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les_paul_standard_reissue_1959

Autres modèles de Gibson dans les détails:
           Dater une Gibson
1952 : La Gibson Les Paul Standard ('52/'60)
1954 : La Gibson Les Paul Junior
1958 : Les Gibson modernistics
1958 : La Gibson Flying V
1958 : La Gibson Explorer
1958 : La Gibson Moderne (réissue 1982)
1959 : La Gibson Les Paul Special DC
1961 : La Gibson SG Standard '60
1963 : Les Gibson Firebird (I-III-V-VII) reverse-body
1965 : Les Gibson Firebird (I-III-V-VII) non- reverse
1966 : La Gibson Flying V Mahogany
1971 : La Gibson Flying V Medallion
1979 : La Gibson SG Exclusive
1979 : La Gibson SG R1 / SG Artist


Avant de parler de la Gibson Les Paul, de ses caractéristiques et de ses variantes, je suis presque obligé de vous parler de l'histoire qui entoure son apparition. Voici donc un rappel historique en guise de hors d'oeuvre, qui je pense se doit d'être lu par tous les possesseurs et autres "fans" de Gibson...!

C'est à partir de 1950 que Gibson, qui incarne alors une certaine finesse, prend le risque d'associer son nom au terrain qu'explorait Rickenbacker, Paul Bigsby mais surtout Fender. Les premiers à s'être lancés dans l'aventure de l'ère «électrique» sont, George Beauchamps pour Rickenbacker en 1931, Les Paul pour son compte en 1941, Léo Fender et «Doc» Kaufmann pour la K&F compagny en 1943 puis Paul Bigsby pour Merle Travis en 1947. Mais celui qui a réellement poussé Gibson à faire de même est à nouveau Léo mais cette fois pour sa marque «Fender» en 1949, un petit rappel s'impose...

Le premier instrument électrique (1931)
C'est vrai ... non c'est faux !
Qui à copié qui ?
La guerre des idées (1948)
Interview de Ted Mc Carty
L'origine de la série Les Paul : Les excuses de Ted Mc Carty
La conception du prototype (1950/1951)
La première Gibson Les Paul Gold-top de 1952 (1ère variante)
La Gibson Les Paul Gold-top de 1953 (2ème variante)
La Gibson Les Paul Gold-top de 1955 (3ème variante)
La Gibson Les Paul Gold-top de 1957 (4ème variante)
La Gibson Les Paul Standard de 1958 (5ème variante)
Evolution chronologique du modèle Les Paul original

Le premier instrument électrique... pas la première guitare électrique !

Si il est indéniable que la guitare hawaïenne "Frying Pan" modèle «A-22» de Rickenbacker fabriquée en 1931 est le premier "instrument" électrique, ce n'est pas la première "guitare" électrique même si elle est très souvent décrite comme telle.
En réalité, c'est une guitare hawaïenne dite «Lap Steel» («lap» veut dire cuisse et «steel» veut dire acier) ce qui désigne un instrument qui se joue à plat avec un slide. Sa conception démontre d'ailleurs qu'elle n'est pas adaptée à être jouée en position traditionnelle (instrument en position verticale) en dépit du fait qu'elle possède des frettes, la touche est à la même hauteur que la table, et est donc trop basse pour être "fonctionnelle". Comme les guitares hawaïennes ne se jouent qu'avec un slide (bloc ou bottleneck), le sillet est surélevé et les cordes sont à environ 1 cm de la touche. En parallèle de ça, l'instrument est exempt d'attache sangle ce qui prouve que la «Frying Pan» n'était pas du tout prévue pour être jouée en position verticale. A cette époque, les instruments destinés à être joués en position traditionnelle portait la désignation "Spanish" par opposition aux guitares hawaïennes destinées à être jouées soit sur les cuisses et portant la désignation «Lap» (lap steel) ou alors celles qui reposent sur des pieds et qui portent la désignation «pedal» (pedal steel).

 

La réponse à la question "Est-ce que la «Frying pan» est la première guitare électrique?" est "Non", mais la confusion qui règne peut s'expliquer assez facilement si on regarde bien l'instrument. La «Frying pan» possède effectivement des frettes et le manche est arrondi (les «Lap steel» ont généralement un manche carré), on pourrait croire qu'elle pourrait  donc être jouée comme une guitare traditionnelle (en position verticale) si on en rabaissait le sillet, mais il faudrait également limer le chevalet qui est également surélevé. En parallèle de ça, la forme du corps n'est pas du tout adaptée à cette position, la touche est trop basse et le manche est exempt de «truss-rod» (barre de tension réglable). On ne peut donc pas attribuer le titre de "première guitare électrique" à la «Frying pan» de Rickenbacker, mais elle possède bel et bien le titre de "premier instrument électrique de l'histoire"... L'histoire de la guitare électrique commence là... Merci George Beauchamps !

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C'est vrai ... non c'est faux !
Pendant de longues années, personne ne connaissait la véritable histoire de "qui à fait quoi", tant les dires des uns et des autres (Les Paul, Léo Fender, Forrest White, Ted Mc Carty, ou encore Maurice H. Berlin) étaient contradictoires !! Le fait est, que la naissance de la guitare électrique est un condensé d'idées venues de plusieurs protagonistes qui ont malencontreusement eut la même idée au même moment... et au même endroit !!!
Les principaux noms connus sont Rickenbacker, Gibson, Fender et Bigsby. Toutefois, la guitare électrique ne doit pas son existence à des marques, mais à des personnes physiques...
Ainsi, les principaux acteurs sont un peu moins connus que les marques pour lesquelles ils ont travaillé, mais ce sont bien eux qui ont mis au point ce qui est encore aujourd'hui "l'instrument le plus polyvalent au monde"! Je parle ici de George Beauchamps, Adolf Rickenbacker, Clayton Orr Kauffmann, Lloyd Allayre Loar, Walter Fuller, Paul Bigsby, Léo Fender, George Fullertton, Don Randall, Lester Polfus (Les Paul), Guy Hart, et Ted Mc Carty car ce sont à eux que l'on doit la naissance de la guitare électrique telle que nous la connaissons aujourd'hui. Il est à noter que Orville H. Gibson n'est pour rien du tout dans la conception de cet instrument révolutionnaire!

Dans certains ouvrages, les guitares possédants un micro magnétique sont nommées «guitare électrique» sans être des «guitare pleine», comme le décrit André Duchossoire dans son livre «Gibson Electric» : "La paternité d'un tel instrument est d'ailleurs difficile à établir avec certitude, mais il semble que ce soit la firme Rickenbacker qui soit, en la circonstance la mieux placée d'une part avec sa "poêle à frire" (Frying Pan A-22 et A -25) introduite en 1931, mais surtout grâce à la "Spanish Guitar" figurant en 1938 dans la série «Electro». Cette guitare semble être la première guitare solid body non-hawaïenne jamais commercialisée." (photo de gauche)
Il dit «première guitare électrique» en faisant référence à un instrument possédant une caisse de résonance, alors que le défi qui mit tous ces artisans à l'épreuve était bel et bien la fabrication d'un instrument «plein», c'est-à-dire sans caisse de résonance et muni de frettes. Je ne vais donc pas faire référence à ce type d'instruments en tant que «guitare électrique» comme par exemple la «Gibson ES-150» de 1936, la «Spanish Guitar» de Rickenbacker de 1938 ou encore la «Log» de Les Paul de 1941 qui sont des instruments possédant une caisse de résonance.


Qui à copié qui ?

Voilà la question à laquelle il est très difficile de répondre, mais il semblerait que «Les Paul» soit le plus à même de prétendre être le précurseur de la guitare électrique, mais pas le premier à l'avoir fait (ce qui explique pourquoi beaucoup de gens pensent que la «Les Paul» est la première guitare électrique).
Lester Polfus de son vrai nom, avait déjà fait des expérimentations durant les années '20, et c'est apparemment lui qui se rendit compte en premier qu'un corps massif améliorait le sustain sans créer de bruits parasites (larsens) ce qui étaient alors le pire ennemi des instruments amplifiés. C'est après avoir joué un morceau de guitare en s'accompagnant avec un harmonica pour sa mère par téléphone qu'il se mit à l'oeuvre après que cette dernière lui dit "c'est très bien Les, mais on entend pas la guitare"; il se mit à réfléchir et fit plusieurs tests dont un qui démontre qu'il était en avance sur son temps; il fixa une corde de guitare sur un bout de rail de chemin de fer muni d'un micro de téléphone et c'est ainsi qu'il se rendit compte que la densité du corps était prépondérante au sustain (durée de la note) et donc à un niveau sonore plus élevé!
En 1941, il fabriqua une guitare allant dans ce sens mais dont la caisse est semi-pleine. Cette guitare s'appelle la «Log» et fut rapidement surnommée "la bûche" en raison de la poutre de 10x10 qui constitue le centre du corps. Il est à noter que Lester proposa son prototype à Gibson (sous la houlette de Maurice H. Berlin) mais sans le moindre succès, alors que ce principe allait être repris sur la «ES-335» en 1958 !!
En 1943, c'est Léo Fender et son associé «Doc» Kauffmann qui firent avancer le schmilblick en créant la première guitare à caisse pleine (photo de droite). Celle-ci fut conçu afin de tester le nouveau micro à aimants séparés conçu par Léo (la patent de cette guitare fut déposée en 1944 et acceptée en 1949). Cette guitare à la forme d'une guitare hawaïenne mais est plus de type "Spanish" car elle pouvait être jouée en position traditionnelle. George Fullertton, qui aida Léo à partir de 1948 avait essayé la guitare quelques temps avant de travailler pour Fender, il se rappel: "Je l'ai eut entre les mains quelques jours, elle sonnait très bien mais elle était dure à garder en main, le corps était trop petit. Quand je l'ai rendue, je lui donna mon avis et il me répondit que ce n'était que le début !" . Cette guitare est une guitare hybride entre une guitare hawaïenne et une guitare électrique.  
Il fallut attendre 1947 pour voir la première guitare électrique, malgré le fait que cet instrument ne possède pas non plus une caisse pleine (le corps est évidé, mais ne possède pas d'ouïes, photo de gauche).
C'est un génie "touche à tout" du nom de Paul Bigsby qui fabriquait jusqu'alors des pièces pour des motos qui changea le cours de l'histoire. En effet, c'est Bigsby qui fabriqua la première guitare électrique, mais ce dernier n'avait aucunes prétentions quant à la fabrication en série de ses créations, il mis au point cette guitare en 1947 pour le guitariste Merle Travis qu'il appréciait beaucoup, et c'est à partir de cette guitare et de cet homme que Fender et Gibson (qui ont par la suite fait environ 80% des inventions encore de mise aujourd'hui) doivent leurs modèles électriques... merci Bigsby !!!

De gauche à droite, (1) «Frying Pan» de Rickenbacker de 1931, (2) Gibson «ES-150» de 1936, (3) Les Paul «Log» de 1941, (4) Bigsby «Merle Travis» de 1948, (5) Fender «prototype» de 1949. De ces 5 instruments seuls 2 ont un corps totalement plein, il s'agit de la Frying-pan et du prototype de Fender. 
  

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1948 : La guerre des idées est déclarée...  
Les principaux acteurs sont «Les Paul», «Léo Fender» & «Clayton Orr Kauffmann», «Paul Bigsby», et «Ted Mc Carty». Les autres noms cités (et bien d'autres encore par la suite) sont également liés à la naissance de cet instrument, mais ne sont pas directement impliqués dans son élaboration.
Léo Fender, Les Paul et Paul Bigsby se connaissaient et c'est véritablement de leur rencontre que tout est parti...
Il est très très important de noter que parmi Les Paul, Paul Bigsby et Léo Fender, seul Les Paul était musicien, et c'est certainement ce détail qui fit que ces trois hommes se virent régulièrement, car n'étant pas musiciens, le seul moyen de se rendre compte des sonorités de tel ou tel instrument et d'avoir l'avis de musiciens était d'être là où ils sont, c'est à dire dans un local ou un studio d'enregistrement, et Lester en avait un chez lui.
C'est ainsi que comme le racontait Les Paul: "Léo Fender et Paul Bigsby venaient très souvent à mon studio afin d'écouter, d'analyser et de récolter l'avis des musiciens sur leur matériel et leurs besoins, on finissait la soirée sur la terrasse à discuter de nos idées et des améliorations possibles". (livre de Bigsby de A. Babiuk)
Paul Bigsby a fabriqué la première guitare électrique en 1947 qui fut utilisée sur scène en 1948; la «Bigsby Merle Travis», cette guitare possédait déjà quelques caractéristiques que l'on attribue le plus souvent à Fender ou Gibson, mais si on regarde la «Bigsby Merle Travis» et qu'on la compare a une Telecaster, une Stratocaster et une Les Paul, les similitudes sautent aux yeux !
On pourrait penser que Léo Fender a copié Bigsby pour faire son premier modèle; la Telecaster (Esquire et Broadcaster), mais ce n'est pas le cas puisque le dessin de la «Telecaster» est l'idée de George Fullertton! En revanche, il est clair que Léo s'inspira de la Merle Travis sur plusieurs points; premièrement, le sélecteur de micro est exactement le même que celui de la Telecaster, mais surtout, l'idée que Léo Fender a littéralement copié pour toute sa gamme de modèle et qui encore aujourd'hui lui est le plus souvent attribué, est l'alignement des 6 mécaniques Kluson du même côté; en effet, si c'est la marque «Martin» qui eut en premier l'idée d'aligner les 6 mécaniques du même côté déjà aux alentours de 1840 (!!), c'est bien Paul Bigsby qui eut l'idée de découper le bord des mécaniques Kluson afin d'avoir des mécaniques individuelles mais alignées (les mécaniques de la «Martin» étaient en «banc» de 6 mécaniques à la manière des guitares classiques et des modèles économiques de Gibson comme la Les Paul junior par exemple).
Etant donné que les mécaniques Kluson n'étaient pas vendues en l'état, il est indéniable que c'est une idée originale de Paul Bigsby. Cela n'a en apparence aucun rapport avec la «Gibson Les Paul» et pourtant c'est bien le fait que Fender ait copié Bigsby qui, selon les dires de Ted Mc Carty, allait mener Gibson à faire un modèle électrique ... Même si ce n'était là qu'une excuse   !!!

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Interview de Ted Mc Carty :
Dans le livre "Gibson Guitars: Ted Mc Carty The Golden Era 1948-1966", Ted explique que dans les années '40, les grands fabriquants d'instruments tel que Gibson, Martin, Gretsch, avaient formé un "club" afin de se tenir informé les uns des autres, mais que Léo Fender ne voulait pas y participer de peur d'être copié. Après avoir rigolé à la vue de la première guitare électrique de Fender en 1949, et ne considérant pas "deux bout de bois vissés ensemble" comme étant un instrument (!), c'est avec un peu de culot et beaucoup d'audace qu'il explique dans une interview (après que Fender ait pris des part de marché à Gibson) comment  est née la première guitare électrique de Gibson... la «Les Paul» :

Quand avez-vous eut l'idée de faire une guitare électrique ?
Ted Mc Carty : "En 1950, la guitare électrique était pratiquement inconnue. Léo Fender avait emprunté la guitare que Paul Bigsby avait fabriqué pour un musicien (la Bigsby Merle Travis). Il avait vu Merle jouer dessus et lui avait demandé si il pouvait l'emprunter. Il l'a copié et créa ainsi sa première guitare. C'était en 1949. J'ai commencé a travailler chez Gibson en 1948, alors tout ça s'est passé en même temps."

Etait-ce l'idée de Maurice Berlin de faire une guitare électrique ou alors ton idée ?
Ted Mc Carty : " C'était mon idée, parce qu'on ne fabriquait pas de guitare électrique. Les gens de chez Gibson pensaient que le corps d'une guitare devait résonner. Léo avait commencé à fabriquer des guitares électriques et nous pensions que c'était une blague (!), le manche était vissé, et ce n'était rien d'autre qu'une planche. On ne considérait pas ça comme une guitare."

Comment en avez-vous entendu parlé, était-ce lors du salon de la musique (Namm Show) ?
Ted Mc Carty : "Oh non, non, non. L'industrie de la musique était un milieu où tout le monde était proche. Si quelque chose se passait en Californie, on en entendait parler, et on en entendit parler au salon de la musique (Namm Show) de New York. Tout le monde disait tout à tout le monde. Les guitares de Léo étaient connues, et elles était différentes et inhabituelles.
Paul Bigbsy avait fabriqué des guitares avant 1949. Il les fabriquait pour des musiciens. Lorsque Léo commença à vendre de tels instruments, on gardait un oeil dessus parce que c'était nouveau. On se demandait si ça allait marcher. Durant les 18 ans où j'étais président de Gibson, Maurice Berlin ne m'a jamais parlé de guitare. Il n'y connaissait rien. J'ai alors décidé de fabriquer une guitare électrique, mais différente de celles de Léo. J'ai appelé les luthiers et je leur ai dit: "On doit fabriquer une bonne guitare électrique".

Etait-ce votre travail ?
Ted Mc Carty : "C'était le travail de mes luthier (les luthiers de Ted étaient les meilleurs luthier de l'usine). Je leur ai dit "On veut faire une guitare électrique, mais on veut la faire différemment que celles de Fender". Les gars m'ont répondu "Ok, qu'est ce que tu veux ?". J'ai répondu "Une table bombée et un manche collé". 

(Interview issue du livre "Gibson Guitars: Ted Mc Carty The Golden Era 1948-1966")

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L'origine de la série «Les Paul» (1952 - 1961)
La première guitare de Fender fut introduite en 1950 au NAMM Show de Chicago sous l'oeil plutôt amusé des différents grands constructeurs de l'époque, qui étaient totalement réticents à l'idée de fabriquer des planches !
Néanmoins, la tentative de Léo était suivie avec intérêt... on ne sait jamais! Chacun se disait qu'au fond, il ne fallait pas être très qualifié pour produire ce type de guitare qui manquait vraiment de qualité et de finesse dans la réalisation. Seulement voilà, la guitare électrique plaisait! Et de nombreux guitaristes, particulièrement dans la musique country, trouvaient de grands avantages à ces «planches», que ce soit leur sonorités claires, ou leur confort de jeu.

Les excuses de Ted Mc Carty
Il ne fallut pas beaucoup de temps pour que Gibson soit convaincu que la guitare électrique allait durer, et par conséquent, il leur fallait retourner leur veste et proposer un modèle... comme le raconte savoureusement Ted Mc Carty en 1950, alors président de Gibson: "Il nous fallait trouver une excuse...", et cette excuse allait s'appeler «Les Paul» !
Le prototype de ce qui allait devenir la «Les Paul Model» ne fut pas conçue par Les Paul lui-même mais fut mis au point par Ted Mc Carty et son équipe entre 1950 et 1951.

Le meilleur instrument que Ted créa durant son ère en tant que président de Gibson est sans nul doute la Gibson Les Paul. Lorsque Maurice Berlin et Ted Mc Carty entendirent parler de ce qu'avaient fait Léo Fender et Don Randall, Ted explique: "Ils mangeaient notre pain!", "Nous nous sommes lancés dans la conception de la Les Paul parce que Léo avait copié la guitare de Paul Bigsby. Alors dès que nous avons su qu'il avait lancé son modèle électrique sur le marché, j'en ai acheté une pour la compagnie et nous l'avons étudié, et c'était une infamie en ce qui nous concerne. C'est alors qu'en 1951 nous nous sommes décidé à ne pas le laisser prendre toutes les parts de marché, nous avons donc fabriqué notre guitare électrique (solid body)".
C'est Ted qui choisi les spécifications du modèle qui sont sur la patent numéro 2'714'326 qui date du 21 janvier 1953. Il voulait que l'instrument ait une table bombée car Léo Fender ne possédait pas l'outillage nécessaire pour faire de même, et il voulait que le manche soit collé.
Avant de se lancer, Mc Carty avait besoin de l'approbation de Maurice Berlin. Le consensus concernant le design de la «Gibson Les Paul» était un effort de groupe incluant les idées de Les Paul.
Ted explique aussi : "Contrairement à ce que raconte la légende, dès le départ, il était prévu d'apposer le logo Gibson sur la tête de manche, et depuis le début, la guitare devait avoir une finition «sunburst» (comme l'était le prototype qui fut amené à Les Paul !), ce n'était pas une demande de Les Paul pour lui-même d'avoir une autre guitare en finition dorée"; Lester avait un de ses ami qui était à l'hôpital, c'est alors qu'il est allé voir Ted et lui dit: "Ted, peux-tu me faire une guitare dorée, j'aimerai en avoir une pour l'amener à mon ami ?", et Ted lui répondit "pas de problème".
Cela étant, pour Mc Carty «Gibson» est «sunburst» et «sunburst» est Gibson, les guitare de Fender étaient de finition naturelle, c'étaient la couleur de Léo, les guitares de Martin étaient aussi de finition naturelle, mais les «classic» de Gibson étaient de finition sunburst que ce soit une mandoline comme la F-5 des années '20, une guitare semi-électrique comme la ES-150 des années '30. Donc il pensait que la Les Paul devait avoir une finition «sunburst». Il dut attendre l'apparition de la Les Paul Standard en 1958 pour enfin voir "la" finition de Gibson sur une Les Paul.


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La conception du prototype
L'idée même de la guitare pleine était simple, encore fallait-il définir de quoi serait la planche en question. Le problème fut résolu par Larry Allers en expérimentant successivement différents types et différentes épaisseurs de bois.
Les bois couramment utilisés alors dans l'industrie de la guitare n'étant pas si nombreux, Gibson opta finalement pour un corps mixte d'acajou et d'érable. En effet, l'acajou seul était acceptable du point de vue poids, mais manque de tenue de note (sustain), tandis que l'érable, beaucoup plus dense que l'acajou, donne pour sa part un sustain satisfaisant, mais au prix d'un poids trop important. La combinaison des deux bois (corps en acajou et table rapportée en érable) offrit à Gibson le compromis idéal entre le poids, et le sustain nécessaire au nouveau modèle.
Néanmoins, Ted Mc Carty dut naturellement se résoudre à réduire sensiblement les dimensions de son prototype par rapport à un modèle acoustique, pour lui conférer un poids total acceptable par la majorité des guitaristes.
Il est clair qu'il était impensable de réaliser une guitare à caisse pleine de 16 1/4” ou 17” de large, même pourvue d'une très faible profondeur. Le prototype conserva donc une forme de guitare que l'on peur qualifier de traditionnelle, mais avec seulement 12 3/4” de large et 17 1/4” de long pour une épaisseur de 1 3/4”.  

Comme le disait Ted: "Il a fallu que l'idée fasse son chemin tant la fabrication d'une guitare à corps-plein nous paraissait au départ requérir un savoir faire minimal, d'où notre désintérêt. Puis nous avons fabriqués de telles guitares en érable, et nous avons rencontrés deux problèmes: Leur poids, et leur «sustain» (durée de la note) car nous ne pouvions plus les faire taire!"
Si la «Gibson Les Paul» telle que nous la connaissons aujourd'hui est moins la création de Les Paul que celle de la firme Gibson s'inspirant alors de la forme plus classique de ses précédents modèles à caisse creuse, et non des tentatives grossières des uns et des autres, les deux parties s'engagent tout de même dans une collaboration qui devait s'avérer de longue durée.

Ainsi, le nouveau modèle Gibson serait véritablement différent et aussi plus difficile à copier. Le galbe des Les Paul originales est d'ailleurs sensiblement différent de celui figurant sur les modèles Les Paul plus récents, sans doute en raison d'un changement d'outillage.... Mais cette modification n'a pas d'influence sur le son de la guitare.
Le prototype reçut un manche Gibson de facture habituelle, d'une pièce en acajou avec une touche en palissandre, mais il convient de noter que ce manche possédait 22 cases au lieu de 19 ou 20, et que la jonction avec le corps se faisait à la 16ème case et non à la 14ème comme sur les guitares acoustiques et semi-électriques de l'époque. L'accès aux aigus était facilité par l'adjonction d'un pan coupé (cut-away) d'une facture nouvelle, de style vénitien.
Deux micros simple bobinage furent montés avec un potentiomètre de volume et de tonalité par micro, ainsi que d'un sélecteur de micro de 3 positions permettant d'obtenir chaque micro séparément ou simultanément.
Il y a deux points intéressants à noter concernant ce prototype de Gibson; il était initialement doté d'un chevalet-cordier trapèze traditionnel semblable à celui des guitares semi-électriques de l'époque. Par ailleurs, il n'était pas encore en finition «gold top» mais en finition «sunburst».

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les paul how high the moonAprès avoir achevé le prototype, Gibson se demanda brièvement comment concilier son image de marque avec la nécessité de lancer ce nouveau modèle sur un marché en pleine évolution. Il fallait une raison, une excuse en quelques sortes... Gibson pensa à Les Paul pour plusieurs raisons, il était déjà venu proposer à Gibson sa fameuse guitare "semi-pleine" (la Log) voici quelques années, en parallèle de ça, c'était un excellent guitariste (au sommet des charts a ce moment avec son hit "how high the moon", photo de gauche), une vedette connue, et il s'entêtait récemment à ne jouer que sur Epiphone ce qui agassait Ted Mc Carty.
Considérant que ce modèle pourrait intéresser Les Paul à plus d'un titre, Mc Carty pris donc rendez-vous avec lui par l'intermédiaire de Phil Braunstein, son conseiller financier.
La rencontre eut lieu à la maison secondaire de Lester située dans un endroit montagneux de Pennsylvanie du nom de Delaware Water Gap où Les Paul enregistrait au calme avec Mary Ford.
D'après Ted Mc Carty, c'est après avoir brièvement joué sur le prototype qu'il voyait pour la première fois, que Les Paul dit à Mary Ford: "Je pense que nous devrions nous joindre à eux, car ils sont vraiment trop proches de nous désormais!".
Ted Mc Carty suggéra à Les Paul de prêter son nom à la guitare en question en l'échange d'une royauté sur chaque modèle vendu (5$). En fait le contrat entre Gibson et Les Paul fut rédigé le soir même de la présentation du prototype par Phil Braunstein, Les Paul et Ted Mc Carty.
Au terme de ce contrat établi sur 5 ans renouvelable, Les Paul ne devait plus paraître en public avec une autre marque que Gibson, et pour cette raison, les royautés n'étaient payables qu'à terme échu tous les 5 ans.
Ted Mc Carty demanda à Les Paul si il avait des suggestions à formuler sur le nouveau prototype, et il proposa alors le nouveau chevalet-cordier qu'il venait de mettre au point (photo de gauche). Ce chevalet-cordier se caractérise par une tige cylindrique placée au bout d'un chevalet-cordier en «trapèze» classique sur laquelle s'enroulaient les cordes. Le cordier Gibson fut donc remplacé par le cordier conçu par Les Paul qui d'ailleurs, donne à la guitare une sonorité légèrement différente. Les Paul donna bien entendu l'exclusivité de ce nouveau cordier à Gibson, qui le proposa parmi ses différents accessoires.
Anecdote intéressante, le chevalet-cordier en trapèze crée par Les Paul et utilisé sur la «Gibson Les Paul» en 1952 et 1953 fut breveté, et le brevet porte le numéro de patent 2'737'842, si jusque-là il n'y a rien de spécial, peut-être avez-vous déjà entendu parlé de ce numéro de patent qui est le plus connu de toutes les patents de Gibson ? Non (?), il ne vous dit rien... et pourtant, c'est bien ce numéro de patent qui figure sur les micros Humbucker depuis l'approbation du brevet en 1959. Le vrai numéro de patent du micro humbucker est 2'869'491, il semblerait que Gibson ait volontairement apposé un faux numéro de patent afin de freiner la concurrence. Toutefois, il est curieux de constater que jusqu'à aujourd'hui, le vrai numéro de patent des micros humbucker de Gibson n'ait jamais été apposé!
Le contrat entre Gibson et Les Paul fut donc signé et les premiers exemplaires officiels de la «Les Paul Model» furent présentés au printemps 1952.
C'est ainsi que  l'inscription "Les Paul" fut appliqués en lettres jaunes perpendiculairement au logo de Gibson. La guitare était enfin pourvue de 6 mécaniques à bain d'huile de la marque Kluson avec des boutons de type "tulipe" en plastique. A noter qu'à cette époque, le nom du fabriquant n'apparaissait pas sur le capot des mécaniques (là ou se situe le trou permettant de les lubrifier).

Certains ouvrages disent que la finition doré n'était pas une idée de Les Paul après qu'il ait vu le prototype, mais corresponde bien à une idée de Gibson (au souhait de Maurice Berlin) pour qui, entre autres, cette finition permettait de dissimuler la table en érable. Ainsi, personne ne pouvait réaliser que la guitare était en acajou et en érable... le prototype pouvait paraître comme étant taillé dans une seule pièce d'acajou. A ce propos, il convient de remarquer que le catalogue de 1952 dans lequel la Les Paul apparut pour la première fois, mentionne bien l'acajou, mais s'abstient de citer l'érable. Toutefois, compte tenu de la faible épaisseur des filets en plastique utilisés à cette époque sur la série, il était possible de voir la table en érable à l'intérieur du pan coupé, de couleur beaucoup plus claire que le corps en acajou (photos ci-dessous).
En fait, c'est bien de Lester que vient l'idée des couleurs de la «Gibson Les Paul». Lester dit avoir d'abord eût deux modèles à l'esprit: "Le premier de couleur noire, classe comme un costard et un autre de couleur or, de façon à se démarquer, parce que cette teinte ne se faisait pas à l'époque, et que cette couleur évoque la sophistication". A noter que les souhaits de Lester furent "inversés" car il voulait que le modèle «Standard» soit noir et que le modèle «Custom» soit doré !

Il est curieux de constater que malgré les efforts de Gibson quant à camoufler la combinaison de bois (acajou/érable) du corps de la Les Paul Standard, il était très facile de se rendre compte de "l'alliage" utilisé rien qu'en jetant un oeil à l'intérieur du pan coupé (cutaway) car le filet qui entoure le corps était un peu trop fin et il laissait entrevoir la table en érable qui est plus clair que le corps en acajou. Ainsi, tous les modèles de 1952 à 1960 permettaient de voir le "secret" de la Gibson Les Paul.
Lorsque Gibson relança la production de la Les Paul en 1968, ils essayèrent de garder leur secret en posant un filet plus large ne laissant rien entrevoir. Cependant, le secret n'en était plus un car tous les connaisseurs (particuliers et concurrents) savaient très bien de quoi était constitué le corps de la Gibson Les Paul. Les larges filets furent utilisés de 1968 jusqu'au début des années '80. A partir de 1983, la table en érable est à nouveau perceptible et depuis les années 2000, on peut la voir même sur quelques «Les Paul Custom» alors que la "custom" ne possède normalement pas de table en érable !

Sur les deux premières photos, on voit le filet fin utilisé sur la série originale, ici sur une «Les Paul Model» de 1955 (1ère photo) et sur une «Les Paul Standard» de 1958 (2ème photo). Sur les 3ème et 4ème photo, on voit clairement le large filet utilisé à partir de 1968, ici sur une «Les Paul Standard» de 1969 (3ème photo) et sur une «Les Paul Standard» de 1979 (4ème photo).

 

A partir de 1983 environ, Gibson revint au cahier des charge initial et abandonna l'idée de camoufler la table en érable. Le premier modèle à être à nouveau muni d'un filet plus fin est la «Les Paul Spotlight Special» de 1983, ici sur la 1ère photo. Il est curieux de constater que la table en érable est également visible sur certaines «Les Paul Custom» des années 2000, à l'image ici d'une «Les Paul Custom réissu '68» de 2003 (2ème photo). A l'heure actuelle, les deux types de filet sont utilisés.

 
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1952: La première Gibson Les Paul (1ère variante)


Les débuts de la Gibson Les Paul furent plutôt satisfaisants si l'on se réfère aux statistiques d'expédition, puisque les chiffres réalisés en 1952 et 1953 sont nettement supérieurs à ceux du reste de la gamme électrique hormis le modèle 125. Gibson n'avait pas raté son entrée dans le monde barbare de la guitare électrique.
A la sortie de la «Gibson Les Paul Model» en 1952, 1715 instruments ont été expédié pour en arriver à 2245 en 1953. C'est alors qu'en 1954 Gibson lance la «Les Paul Custom» ainsi qu'une version économique du nom de «Les Paul Junior», mais les ventes restent limitées en comparaison du model «Standard» de la gamme «Les Paul».
Au cours des années '50, Gibson allait créer une véritable gamme à partir de cette première Les Paul introduite en 1952. Le modèle original devait d'ailleurs subir lui-même un certain nombre de modifications, puisque l'on ne compte pas moins de 5 variantes de la Les Paul Model (devenu «Les Paul Standard») entre 1952 et 1960, les 5 variantes de la Les Paul originale se distinguent de par leur chevalet, leurs micros, ainsi que de par  leur finition (gold-top ou sunburst). Les caractéristiques générales (nombre de cases, type de touche, mécaniques etc..) restent inchangées.

La première variante peut schématiquement se caractériser par:  

1 Deux micros simple bobinage de type P-90 avec un capot plastique ivoire.

2 Un chevalet-cordier trapèze du type Les Paul, avec les cordes qui passent en-dessous du chevalet.

3 Un angle très faible dans l'ajustement du manche avec le corps.

4 Une finition «Or» sur la table (Gold top) ou sur tout le corps (Solid gold).

Il est a noter que cette variante, ainsi d'ailleurs que les trois suivantes, sont surnommée «Les Paul Gold Top» pour les distinguer de la fameuse Les Paul Standard sunburst qui sera la cinquième et ultime variante originale du modèle.
Quelques modèles furent offerts d'origine en version «Solid Gold», c'est-à-dire avec le corps et le manche entièrement finis de couleur doré. Ces modèles en finition entièrement doré, sont beaucoup plus rares que les «Gold Top».
A noter que les toutes premières Les Paul peuvent être identifiées par l'absence de filet sur la touche , ainsi que par la position en diagonal des vis de fixation du micro près du chevalet, et la hauteur des potards en plastique teinté or (voir photo Les Paul 1ère variante ci-dessus).
Les premiers exemplaires de Les Paul réalisés en 1952 et au début '53 ne comportent pas de numéro de série (photo de gauche), car ce n'est qu'au cours de l'année 1953 que Gibson instaura un système de numérotation des guitares électriques. Seuls les modèles produits en 1953 auront pour cette première variante un numéro de série inscrit au tampon encreur et dont le premier chiffre indique l'année de «3» pour 1953 à «0» pour 1960.


Les Paul de 1952 (1ère version) ici en finition Solid Gold
Durant les années '50, quelques exemplaires furent produits en finition entièrement dorée, ces modèles sont surnommés «solid gold» par opposition aux modèles «gold top» dont seule la table est dorée.
Sur la première photo, on voit une «Les Paul Model» de 1952 en finition "Solid Gold". Il faut voir l'instrument de profil ou de dos (2ème photo) pour voir clairement la finition "solid gold". Sur les 3ème et 4ème photo, on peut noter la hauteur des boutons de potentiomètre qui sont plus haut que ceux des versions qui suivirent, ainsi que l'inconvénient du chevalet «Les Paul» dont les cordes passent sous le cordier.



Sur la première photo, on voit la tête d'une «Les Paul Solid gold», a noter que le logo Gibson est situé plus bas que sur les modèles post '50. Sur la 2ème photo, on peut voir que le modèle date soit de 1952 soit du début de l'année 1953 car la tête est exempt de numéro de série, le système de numérotation est apparu au milieu de l'année 1953. Sur les 3ème et 4ème photos, on voit la finition "solid gold" au dos du manche, à noter (même si ce n'est pas le cas ici) que la finition dorée à tendance à tourner au vert en s'oxydant lorsque la couche de verni ne protège plus la peinture. 



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Les Paul Gold-top
1953 (2ème version)


Très rapidement, le chevalet-cordier en trapèze posa des problèmes en ne permettant pas aux guitaristes d'étouffer les cordes avec la main qui tient le plectre (ou mediator). En outre, pour ceux qui avaient l'habitude de jouer avec la main reposant sur le chevalet, les cordes se trouvaient beaucoup trop en contrebas ce qui gênait considérablement le confort de jeu. Vers la fin de l'année 1953, Ted Mc Carty modifia donc le modèle «Les Paul» afin qu'il puisse recevoir le nouveau chevalet-cordier qu'il avait mis au point en 1952 (photo de gauche).
Ce nouveau cordier généralement appelé «cordier d'arrêt» ou «chevalet cintré», nécessita un accroissement de l'angle du manche avec le corps de la guitare par rapport au précédent modèle. D'ailleurs, plus que tout autre détail, le positionnement permet d'identifier aisément les premières Les Paul de la période 1952-1953, même si le chevalet-cordier a été remplacé. Cette deuxième variante fut officiellement introduite en janvier 1954, mais un certain nombre de Les Paul avec des N° de série de 1953 furent équipée du chevalet-cordier d'arrêt, démontrant que le changement intervint vraisemblablement à la fin 1953.
Du point de vue finition, la seconde variante est identique à la première, y compris d'ailleurs dans le fait qu'un petit nombre d'exemplaires furent réalisés en version Solid Gold. Cette option demeura disponible en fait aussi longtemps que des «Les Paul Gold Top» furent produites, mais il convient de noter qu'elle fut beaucoup plus utilisée pour les premières variantes  équipée du chevalet-cordier trapèze de Les Paul ou du cordier d'arrêt que pour les modèles suivants, alors équipés d'un autre chevalet qui allait devenir le standard de Gibson, le chevalet «Tune-O-Matic».

Les Paul de 1953
(2ème variante)
Sur la première photo, on voit la tête de manche d'une «Les Paul Goldtop» de 1953 dont les principales caractéristiques restent inchangées par rapport à la 1ère variante de 1952 (de mi-1952 à mi-1953 exactement). Toutefois, la deuxième variante se distingue de part deux changements caractéristiques. Dans un premier temps, c'est en 1953 que Gibson instaura un système de datation pour ses modèles de guitares électriques, la 2ème variante de la «Les Paul» datant de 1953 se distingue d'une part par l'ajout d'un numéro de série imprimé au tampon encreur au dos de la tête de manche et commençant par le chiffre «3» qui signifie «1953» (2ème photo). Le changement le plus important qui fait que l'on parle de «variante» est le remplacement du chevalet-cordier en trapèze par un chevalet-cordier «cintré» (3ème photo) qui fut mis au point par Ted Mc Carty en 1952. Le changement de chevalet nécessita toutefois un accroissement de l'angle du manche par rapport au corps (4ème photo). Ainsi, les modèles de 1952/ début '53, équipés à la base du chevalet-cordier en trapèze ne sont pas adaptés à un autre type de chevalet.

 

Les Paul de 1954 (2ème variante)

Sur la première photo, on voit une «Les Paul Goldtop» de 1954 qui est à 100% identique au modèle de 1953 équipé d'un chevalet «cintré» à l'exception du numéro de série qui commence par un «4» pour «1954» (2ème photo). Sur les 3ème et 4ème photos, on voit le chevalet installé sur la 2ème variante de la Les Paul. On reconnaît le cordier d'arrêt utilisé avec le chevalet tune-o-matic, si ce n'est que le chevalet-cordier «cintré» est muni de deux vis permettant de le reculer ou de le décaler (visible sur la 4ème photo).

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Les Paul Gold-top 1955  (3ème variante)


En 1955, le modèle "normal" «Les Paul Model» ou «Les Paul Goldtop», (souvent appelé par extension «Standard», alors que cette désignation ne fut utilisée par Gibson qu'à partir de 1958) fut modifié pour la troisième fois depuis son introduction.
Cette troisième variante se caractérise donc par l'adoption du chevalet Tune-O-Matic accompagné d'un cordier d'arrêt (mis également au point en 1952 par Ted Mc Carty), ce chevalet était déjà utilisé sur la «Les Paul Custom» depuis son apparition en 1954. Hormis cette modification, la «Les Paul Model» restait identique aux précédentes version du point de vue spécifications.

A partir de 1955, la «Les Paul Model» fut encore une fois modifiée au niveau du chevalet. Cette 3ème variante se distingue par son chevalet «Tune-O-Matic» qui est accompagné d'un cordier d'arrêt.
Sur la première photo, on voit la tête de manche d'une «Les Paul Goldtop» de 1955. On peut savoir la date en regardant le premier chiffre du numéro de série, peu importe si le premier chiffre est espacé par rapport aux autres ou non, ici le «5» indique donc l'année 1955 (2ème photo). Sur la 3ème photo, on voit que le chevalet et le cordier d'arrêt sont séparés. La 4ème photo n'indique pas grand chose si ce n'est que la guitare est en finition «gold-top» et pas en «solid-gold».

Voici une vue sous tous les angles du chevalet «tune-o-matic» de Gibson. Il fut également conçu par Ted Mc Carty en 1952 mais ne fut utilisé qu'à partir de 1954 sur la «Les Paul Custom», ce n'est qu'à partir de 1955 qu'il fut installé sur la «Les Paul Standard».  Le chevalet «tune-o-matic» est le premier chevalet de Gibson permettant de régler les harmoniques de chaque corde séparément. Si il  est encore utilisé aujourd'hui sur la majorité des modèles de Gibson, il subi différents changements. Cette première version se distingue de part quelques caractéristiques. Il s'agit ici de la première version du chevalet «tune-o-matic» utilisée de 1954 à 1961 (voir «le chevalet»). Il est constitué de nickel, ce qui est favorable au «sustain» (durée de la note), mais les vis permettant de régler les pontets ne sont fixées au chevalet ce qui est défavorable au «sustain». La première version porte l'inscription "Gibson ABR-1" au dos du chevalet.

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Les Paul Goldtop de 1957 (4ème variante)


C'est en 1957 que la 4ème variante de la «Gibson Les Paul Model» (qui n'était pas encore nommée «Les Paul Standard») subie le changement le plus notable. Cette quatrième variante dans la série originale fut produite de mi-'57 environ jusqu'au milieu de l'année '58. Ce changement se situe non pas au niveau du chevalet (comme pour les 3 premières variantes) mais au niveau des micros. En effet, pour la première fois, la «Gibson Les Paul Model» allait se voir munie d'un tout nouveau type de micro inventé en 1955 par Seth E. Lover. Ce nouveau type de micro, qui fut utilisé pour la première fois en 1956 sur quelques guitare hawaïennes, est de type "double bobinage" par oppositions aux micros à simple bobinage nommés «P-90» qui étaient utilisés jusque-là sur tous les modèles de la marque (sauf de rare exceptions comme la Gibson ES-150 et son micro à barrette par exemple).

patent micro humbucker gibson seth e lover
Ce micro qui fut baptisé «humbucker» par Seth Lover (également connu sous le nom de P.A.F) a l'avantage d'annuler les interférences provoquées par les ondes électro-magnétiques par rapport aux micros à simple bobinage (P-90 comme ceux de Fender). L'idée n'était pas à 100% originale car ce procédé existait déjà depuis plusieurs années et était utilisé en autre sur les amplificateurs guitare afin d'éviter que la bobine du haut-parleur interagisse face aux ondes des transformateurs de l'amplificateur, ceci explique pourquoi l'approbation de la patent pris beaucoup de temps (la patent fut déposée en 1955 pour être approuvée en 1959).
Il est curieux de constater que la nécessité d'annuler les interférence que captent les micros à simple bobinage crées dans les années '30 ne fut pas abordée avant le milieu des années '50 ?! En réalité, Gibson fabriquait également des amplificateurs déjà dans les années '50, mais ces derniers n'ont jamais eut l'effet escompté aux oreilles des musiciens qui préféraient le son des amplis d'autres marques dont la principale référence en matière d'amplificateur n'était autre que Fender !! Et justement les musiciens qui donnaient leur avis à Gibson afin d'améliorer leur modèles jouaient pour la plupart sur des amplis de Fender qui étaient alors beaucoup plus puissant (dynamiques) et donc beaucoup plus réceptifs aux interférences, c'est donc indirectement grâce à Fender que Gibson mis au point les micros à double bobinage appelés «humbucker».

Sur la première photo, on voit les micros «Humbucker» à double bobinage (PAF). Ils sont un peu plus larges que les micros «P-90» à simple bobinage, ce qui nécessita un changement au niveau du routage des cavités des micros. Le système de fixation des micros humbucker était également inédit puisqu'ils n'étaient plus fixés sur la table ou dans les cavités, mais sur des support de micros. Ces derniers épousent la forme du corps ainsi que l'angle du manche. Sur la 2ème photo, on voit bien que le support du micro aigu qui est du côté du chevalet est plus haut que le support du micro grave qui se situe près du manche. Sur la 3ème photo, on voit l'accastillage d'une «Les Paul» de  1957. Sur la 4ème photo, on voit que les stickers collés au dos des micros portent la désormais mythique inscription «Patent Applied For» (ici sur une SG/Les Paul de 1961), on voit aussi que chaque support de micro est fixé au corps par 4 vis et que le micro est réglable en hauteur par le biais des deux longues vis qui sont entourées d'un ressort.

A noter que certains exemplaires de la «Les Paul goldtop» de 1957 et 1958 furent réalisés entièrement en acajou, donc, sans la table en érable. Cette variation est vraisemblablement due à un manque temporaire d'érable ou à l'utilisation de corps initialement prévus pour la «Les Paul Custom» et, à défaut d'avoir une oreille experte, il faudrait enlever le vernis doré pour s'en rendre compte !
La «Gibson Les Paul Goldtop de 1957» est aujourd'hui réissue, mais porte différentes appellations; la «Les Paul Standard reissu '57» et la «Les Paul Goldtop VOS 1957» (VOS = vintage originale série) sont deux noms donnés à la même guitare (1ère photo), alors que la «Les Paul Goldtop Darkback 1957» comporte les mêmes caractéristiques mis à part que le dos du corps est sombre (2ème et 3ème photos).

 gibson les paul goldtop VOS 1957     gibson les paul goldtop darkback reissu 1957     gibson les paul goldtop darkback

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1958: La «Gibson Les Paul Standard» (5ème variante)

En 1958, la «Les Paul Model» va être modifié une nouvelle fois, et cette cinquième et ultime variante de la période «originale» est actuellement la plus recherchée par les amateurs de  Les Paul vintage. C'est également la plus onéreuse à acquérir sur le marché des guitares de collection dit «Vintages».
Par rapport à la version '57-'58, seule la finition fut changée puisque Gibson abandonna le traditionnel «gold top» en vigueur depuis 1952 pour un dégradé rouge cerise-jaune («cherry sunburst» selon l'appellation officielle). Cette nouvelle finition offerte à l'époque sans augmentation du prix (toujours de 247,50 $ en 1958) permit de tirer parti pour la première fois de la table en érable bombée. Sur les modèles réalisés en finition «sunburst», le dessus sera en principe réalisé en deux pièces d'érable ajustée (bookmatched), ondé ou tigré, du plus bel effet.
Il est possible cependant de trouver des «Les Paul standard» en finition «sunburst» avec une table d'érable d'une seule pièce. A noter également que l'intensité des mouvements de l'érable peut varier grandement d'un modèle à l'autre, déterminant d'ailleurs dans une large mesure, la valeur collective actuelle de cet instrument. Le changement de finition de la «Les Paul Model», qui prit à cette occasion la désignation de «Les Paul standard», fut officiellement annoncé dans le N° de déc '58 de la «Gibson Gazette», le fascicule périodique publié par Gibson pour présenter les nouveautés, et offrir des reportages sur les différents «utilisateurs» de la marque.
Toutefois, compte tenu du nombre de «sunburst» de 1958 en circulation, il est vraisemblable que la modification fut appliquée aux modèles de production bien avant, vers l'été 1958 sans doute. Il est d'ailleurs amusant de constater que la «Les Paul standard cherry sunburst» ne figure pas dans le catalogue de mars 1959 (qui est la ré-édition pure et simple, à la couleur près, du catalogue de mars 1958), le modèle n'apparaît qu'une année plus tard dans le catalogue de mai 1960!

 
Evolution chronologique des modèles «Les Paul originaux»:

 
1951 : Le prototype est accepté par Les Paul.

1952 : Introduction de la première «Les Paul» munie du chevalet-cordier trapèze de Les Paul (1ère variante)

1953 : La «Les Paul» est modifiée pour recevoir le chevalet cintré mis au point par Ted Mc Carty (2ème variante)

1954 : Introduction de la «Les Paul Custom» et de la «Les Paul Junior».
(Apparition des premiers exemplaires de la « Les Paul TV»)

1955 : Introduction de la «Les Paul Special». La «Les Paul» est modifiée pour recevoir le chevalet «Tune-O-Matic» mis également au point par Ted Mc Carty (3ème variante).

1956 : Introduction de la version «3/4» de la «Les Paul Junior».

1957 : Introduction des nouveaux micros à double bobinage «Humbucker», dont sera équipée la «Les Paul» (4ème variante).
(La «Les Paul Custom» est également dotée de ces nouveaux micros, mais en reçoit un de plus, soit 3.)

1958 : La «Les Paul Model» devient la «Les Paul Standard» et perd sa robe en or au profit d'une finition dégradé rouge/jaune dite «Cherry Sunburst» (5ème et dernière variante de la série originale).

Les «Les Paul Junior» et «TV» sont dotées d'une nouvelle forme à double découpe (double cut-away alias «DC»).
Introduction d'une version «3/4» de la «Les Paul Special».

1959 : La «Les Paul Special» est à son tour dotée de la nouvelle forme à double découpe. Introduction d'une version «3/4» de la «Les Paul Special DC».

1960 : La «Les Paul Special» devint la «SG Special», et la «Les Paul TV» devint la «SG TV».
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1961 : Disparition des «Les Paul originales» (jusqu'en 1968).

Après un arrêt de la production, au début des années '60, qui laisse place à la gibson SG, la gibson Les Paul redevient populaire, quand elle est adoptée par des guitaristes comme Keith Richard,  Eric Clapton ou encore Jimmy Page!
C'est en 1968 que Gibson en repris la production et la «Les Paul» devint alors de loin le modèle le plus prisé. Rançon de la gloire, c'est aussi l'un des modèle les plus copiés. Aujourd'hui, il existe plus d'une cinquantaine de type de Les Paul différents (voir liste ci-dessous).
Il suffit en outre de regarder les guitares actuelles pour mesurer l'influences du modèle sur l'ensemble des modèles Rock. Si la «Gibson Les Paul» a beaucoup évoluée entre ses débuts en 1952 et aujourd'hui, le modèle a suivi les modes avec l'évolution technologique, et les différences n'ont pas tant affecté sa prestance. Alors, qu'aujourd'hui les modèles de guitares et de basses sont très souvent conçus pour servir un style musicale en particulier, on peut souligner l'empreinte décisive qu'a laissé la Les Paul sur l'ensemble des guitares rock qui lui succédèrent.

Quelques variantes de la Gibson Les Paul de ses débuts à aujourd'hui :
Les Paul Standard - Les Paul Custom - Les Paul Junior - Les Paul Special - Les Paul SG - Les Paul Deluxe - Les Paul Personal - Les Paul Professionnal - Les Paul recording - Les Paul Artisan - Les Paul Artist - Les Paul KM - Les Paul 55 spécial - The Les Paul - The Paul - Les Paul Firebrand - Les Paul Heritage - Les Paul Spotlight special - Les Paul Studio - Les Paul Showcase Edition - Les Paul Classic - Les Paul BFG - Les Paul Custom Lite - Les Paul DC - Les Paul Ultima - Les Paul Goddess - Les Paul Axcess - Les Paul New Century - Les Paul Voodoo - Les Paul Class 5 - Les Paul Acoustic - Les Paul Supreme - Les Paul XPL - Les Paul HD.6Xpro - Les Paul Robot - Les Paul Darkfire...

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Autres modèles de Gibson dans les détails:
           Dater une Gibson
1952 : La Gibson Les Paul Standard ('52/'60)
1954 : La Gibson Les Paul Junior
1958 : Les Gibson modernistics
1958 : La Gibson Flying V
1958 : La Gibson Explorer
1958 : La Gibson Moderne (réissue 1982)
1959 : La Gibson Les Paul Special DC
1961 : La Gibson SG Standard '60
1963 : Les Gibson Firebird (I-III-V-VII) reverse-body
1965 : Les Gibson Firebird (I-III-V-VII) non- reverse
1966 : La Gibson Flying V Mahogany
1971 : La Gibson Flying V Medallion
1979 : La Gibson SG Exclusive
1979 : La Gibson SG R1 / SG Artist 


Jérôme Fischer - Contact: info@jerrock.com
Merci à Mike Slubowski pour les photos de sa magnifique collection.